Démographie de masse

Quand on parle de la Chine, il est impossible de ne pas mentionner sa population extraordinaire, extraordinaire de par son nombre mais aussi de par ses caractéristiques.

En 2012, le pays le plus peuplé de la planète recensait 1,35 milliards d'habitants ! Impossible de la comparer à la France avec notre petit 66 millions ; même l'Union Européenne n'est pas de taille avec une population de 506 millions. Ainsi, dans un territoire deux fois plus grand que l'UE, la Chine abrite trois fois plus d'âmes ! Et encore, quel serait le résultat si Mao n'avait pas instauré la politique de l'enfant unique ?

Une pauvreté en baisse

Etre très peuplé est une chose mais il faut aussi savoir prendre soin de ces nombreuses bouches à nourrir. Et d'une manière générale, la Chine s'en est bien sorti ces dernières décennies. Après le fiasco de Mao, les dirigeants ont bien repris le pays en main et la Chine ne cesse de se développer.
Ainsi, la pauvreté absolue a diminué de 235 millions ! Alors que 43 de la population mondiale en dessous du seuil de pauvreté en 1981 se trouvait en Chine, ce n'est plus que 13 de cette même population qui habitait en Chine en 2010. En comparaison l'Inde accueille encore 30 de personnes en dessous du seuil de pauvreté.
En Chine, la population essaie de suivre le rythme effréné de l'économie. Les citadins sont de plus en plus nombreux, et connaissent une certaine réussite. Les ruraux sont bien sûr les plus touchés par la pauvreté mais le chiffre est en baisse tous les ans.

Et pourtant, bien que la pauvreté ne touche officiellement que 150 millions de personnes, les enjeux d'une telle population sont immenses. Par rapport aux ressources alimentaires et énergétiques dont la Chine dispose, il faudrait que sa population s'élève à seulement 700 millions. La politique de l'enfant unique est donc peut être arrivée au bon moment.

La politique de l'enfant unique

Le gouvernement chinois considère en effet que dans un pays où les ressources par personne sont limitées, une grande population est un obstacle pour développer le niveau de vie et l'économie du pays. Avec une population nombreuse, l'alimentation, l'emploi, l'éducation et bien d'autres secteurs seraient difficiles à soutenir et deviendraient facteur d'instabilité.
Tout comme n'importe quel système, la politique de l'enfant unique mise en place en Chine a ses bienfaits et ses effets pervers.

Avec Deng Xiaoping et ses successeurs, on favorise le mariage tardif avec des naissances éloignées et rares. Au tout départ, la politique de l'enfant unique n'existait pas, seule une faible croissance démographique était favorisée. Mais, d'après les prévisions établies en 1978, la Chine aurait du atteindre 1,5 milliards d'habitants en l'an 2000. La politique de l'enfant unique fut alors lancée un an plus tard pour essayer de ne pas dépasser les 1,2 milliards. Le slogan de l'époque était « un couple, un enfant » et les Chinois furent forcés par la loi à respecter ce nouveau planning familial.

Depuis la mise en place de cette politique, 500 millions de naissance ont ainsi été empêchées et ont permis de ne pas trop augmenter la population totale. Il faut bien dire ce qu'il est, sans ce planning familial, la Chine n'aurait sans doute jamais réussi à se développer.

En effet, au jour d'aujourd'hui, la Chine est le deuxième pays consommateur d'énergie. Et pourtant cette consommation ne représente qu'un tiers de celle de l'Europe et un cinquième de celle des Etats-Unis. Imaginez donc la population actuelle chinoise avec un niveau de vie américain, il faudrait alors 110 de l'approvisionnement énergétique annuel pour arriver à répondre aux demandes énergétiques de la Chine uniquement ! Les Américains, qui représentent seulement 4 de la population mondiale, consomment en revanche 24 de l'énergie mondiale.

Cette politique fut de manière générale acceptée par la population et ceux qui souhaitaient y échapper devaient en subir les conséquences. Mais la politique de l'enfant n'a pas apporté que des bienfaits.

Une préférence pour les garçons

Il est très difficile de changer les idées ancrées dans les esprits. Et la politique de l'enfant unique n'a pas réussi à changer cette tradition ancestrale selon laquelle il est mieux d'avoir un garçon qu'une fille. Issue du confucianisme, la tradition laisse à penser qu'un garçon sera plus utile dans la société et permettra de perpétuer le nom familial.

Même si, dès l'époque de Mao, on essaye de valoriser la situation de la femme dans la société et de lui donner un meilleur statut, les sentiments sont restés les mêmes dans la plus grande partie de la Chine. Les populations des grandes villes ont su se développer avec leur temps et acceptent aussi bien les garçons que les filles. Mais, dans les campagnes, où la sécurité sociale est mauvaise, les filles gardent un mauvais statut. Pour les parents, qui pensent à leur futur, une fille ne leur apportera pas grand bien, puisque, une fois mariée, elle devra partir dans la famille de son mari. Les parents se retrouveront alors seuls avec personne pour veiller sur eux.

La loi interdit les couples de faire un avortement à cause du sexe de l'enfant. Mais il n'est pas encore interdit de chercher à savoir le sexe de l'enfant avant la naissance. Les parents peuvent ensuite trouver en dehors des villes un moyen d'avorter. Cela a d'ailleurs entraîné 300 millions avortements enregistrés depuis l'instauration du planning familial mais de nombreux autres ont du être effectués illégalement.

Cette préférence pour les garçons s'en ressent ensuite au niveau de la moyenne nationale. En 2012, ont recense 117-120 hommes pour 100 femmes alors que le rapport mondial est de 103-107 pour 100. On estime qu'en 2020 les hommes en âge de se marier seront 24 millions de plus que les femmes. Le déséquilibre est donc énorme.

Mais, cette préférence pour les garçons n'a pas forcément été plus marquée en Chine à cause de la politique de l'enfant unique. C'est plutôt la philosophie et les idées véhiculées dans les pays d'Asie de l'est qui ont entraînées ces problèmes. En effet, si on regarde les chiffres pour la Corée du Sud où la politique de l'enfant unique n'est pas appliquée et que le système des retraites est mieux développé, le déséquilibre est quasiment le même puisque, pour 100 femmes, il y a 116 hommes.

Une population vieillissante

Bien avant le lancement de la politique de l'enfant unique par Deng Xiaping, Mao avait encouragé la population à faire des enfants car il avait besoin d'ouvriers pour construire le pays. Toute cette population qui a créé un baby-boom à l'époque arrive maintenant à l'âge de la retraite et on entre donc dans l'ère du papy-boom chinois.

Alors qu'il a fallu 115 ans pour que la proportion des personnes âgées double en France et 60 ans aux Etats-Unis, il n'a fallu que 18 ans pour que la Chine fasse de même. Entre 1981 et 1999, la Chine est devenue une société vieillissante, c'est-à-dire que de plus de 10 de la population chinoise dès 1999 avait plus de 60 ans.

Cela explique une partie du développement économique fulgurant de la Chine pendant 30 ans. Elle bénéficiait alors d'une forte main d'œuvre, peu couteuse et jeune. Mais maintenant, la Chine manque de jeunes actifs. Les statistiques montrent qu'au cours des dix prochaines années, les jeunes entre 18 et 22 ans baisseront de 400 millions et les personnes entre 20 et 40 ans de100 à 300 millions ! La Chine a donc beaucoup de pression pour mettre en place un système de retraite capable d'assurer une bonne fin de vie à sa population, car les jeunes actifs ne seront pas en mesure de prendre en charge l'ensemble des personnes âgées.

Changements dans le futur

Le gouvernement commence à émettre l'idée d'annuler la politique du planning familial ou du moins à la rendre plus souple, et ce, dans l'intérêt du pays.

Aujourd'hui la politique tend à s'assouplir et on commence même à parler d'annuler le planning familial. Pour l'instant, les couples ayant eu une fille sont autorisés à avoir un deuxième enfant, les couples avec au moins une personne ayant été enfant unique y sont également autorisés, et les gens issus de minorités ethniques (10 de la population chinoise) peuvent eux avoir jusqu'à 3 ou 4 enfants sans être sanctionnés.

Les pays développés, qui ne sont pas soumis à cette politique, possèdent quand même un taux de natalité inférieur à celui de la Chine. D'après les estimations, une annulation de cette politique n'entraînerait pas une recrudescence des naissances en Chine. La population actuelle, plus industrialisée et moderne chercherait plus à assurer un confort et un avenir à un seul enfant plutôt qu'à avoir plusieurs enfants et ne pas pouvoir prendre soin d'eux correctement.

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