Economie en 2012

Un point sur la réforme

Il est impossible de parler de l'économie chinoise sans rappeler les évènements passés de la réforme économique.

Quand Deng Xiaoping a repris le pays en main, il énonça une phrase qui fut ensuite le slogan de la réforme : « Faire un pas après l'autre pour traverser la rivière ». Cette phrase sous entend que l'on comprend les choses au fur et à mesure, qu'il faut prendre une chose après l'autre. Ainsi, Deng Xiaoping ne veut pas que le pays choisisse entre socialisme ou capitalisme mais qu'il adopte une attitude pragmatique afin de développer rapidement son économie.
Dès 1986, il émet l'idée d'une nécessaire réforme politique du pays. Un système d' « économie socialiste de marché » est alors mis en place. Cette réforme a pour but d'aider la population à sortir de la pauvreté et de créer une société de consommation abondante. Mais, même si cette réforme est un succès, elle n'a pas empêché d'autres problèmes sociaux d'apparaître, puisque tout le monde ne profite pas des avantages de la réforme économique.

Une économie socialiste de marché

La réforme a porté ses fruits puisque la Chine impressionne les Américains et Européens par sa croissance et ses chiffres hallucinants. Ce système est basé sur un libre marché avec un gouvernement qui possède les moyens de production et détermine les prix.

Entre 1978 et 2006, la croissance moyenne du PIB (Produit Intérieur Brut) chinois par an a été de 9,67 alors que celle du monde a été de seulement 3,3 en moyenne sur cette période de 28 ans. En 1978, avant le lancement de la réforme, le PIB chinois ne représente que 5 du PIB mondial et la Chine se plaçait alors à la 15ème place.
En 2012, la Chine montre un tout autre visage : avec un PIB de 7 301,1 milliards de dollars, elle occupe la deuxième place du classement mondial ! Son PIB est équivalent à 48 de celui américain et 124 de celui japonais !
Si on prend en compte le PPA (Parité du Pouvoir d'Achat), le PIB de la Chine équivaut alors à 80 du PIB des Etats-Unis et 77 de celui de l'Union Européenne ! Difficile à croire qu'un pays qui était 30 ans plus tôt relégué en bas du tableau fait aujourd'hui concurrence aux plus grandes puissances mondiales.

En 2012, la Chine se classe au premier rang des pays exportateurs et au second rang des pays importateurs. Le PIB par habitant dépasse alors les 6 000 dollars ! Une grande partie de la population appartient maintenant à une classe aisée qui peut subvenir à ses besoins et dont les principales dépenses ne portent plus sur la nourriture. La Chine sort ainsi des pays en voie de développement et devient un nouveau pays industrialisé.

En matière de tourisme, ce sont 83 millions de Chinois qui partent à l'étranger en 2012. Grands consommateurs, ils y dépensent 102 milliards de dollars au total ! La Chine est ainsi le premier pays touristique émetteur mais aussi le plus grand consommateur en matière de dépenses touristiques dans le monde.

D'après les estimations, le PIB de la Chine pourra rattraper les Etats-Unis entre 2020 et 2030. Ce serait alors la renaissance de la Chine pour de nombreux Chinois. En effet, jusqu'à 200 ans plus tôt, la Chine était une grande puissante mondiale avec un volume économique représentant ¼ à 1/3  du volume économique mondial. En passant devant les Etats-Unis, elle affirmerait ainsi sa position de leader.
Mais, cela à l'air de faire peur à l'Occident. Des débats sont de plus en plus fréquents pour savoir si le développement économique de la Chine est une opportunité ou un défi pour l'Occident et si c'est un miracle qui perdurera ou qui est voué à l'échec.

Pour l'instant, l'Occident s'intéresse à la Chine pour ses faibles coûts de production mais cela crée des problèmes de délocalisation et de chômage dans les pays industrialisés. Les Chinois sont donc utiles aux industries occidentales bas de gammes qui ne se soucient pas de la pollution de l'environnement et des coûts de santé pour gagner de l'argent. La Chine représente les industries du sang et de la sueur.
Bo Xilai, ancien ministre du commerce, avait d'ailleurs fait face à ses homologues occidentaux quant à ce problème en disant que la Chine gagne 0,3$ par chemise exportée vers l'Europe ; ainsi il faudrait qu'elle vende 800 millions de chemises pour pouvoir acheter un seul Airbus A380 ! Une remarque pas obligatoirement très appréciée des autres ministres.

Des efforts à faire

Des défis à relever : L'économie chinoise, malgré son grand succès, est encore confrontée à de nombreux défis. La croissance se base principalement sur les exportations, la balance est donc déséquilibrée. Cette dépendance des autres pays est très mauvaise puisque les évènements internationaux influencent l'économie entière du pays. De même, son économie dépend beaucoup de la consommation de l'énergie, or, la population a un faible pouvoir d'achat. Avec une société qui se modernise, les coûts de fabrication et de main d'œuvre commencent à augmenter et les pays occidentaux se tournent peu à peu vers des pays encore moins cher.
Bien que la balance excédentaire soit une mauvaise chose, elle s'avère indispensable à la Chine qui se doit de soutenir une croissance supérieure à 7 pas an afin d'assurer les besoins de la population future.

Une crise importante de l'immobilier se fait sentir en Chine. Depuis plusieurs années déjà, l'immobilier chinois est victime d'une grande surchauffe qui affecte fortement les investissements dans l'économie de production de biens et services réels ; l'économie est donc déstabilisée.

Des inégalités de richesses importantes : D'après le rapport du bureau des statistiques nationales chinoises, le coefficient de Gini (qui mesure les inégalités de revenus) serait de 0,474 pour la Chine en 2012 alors que le seuil acceptable est de 0,4. Et pourtant, elle a quasiment le même statut que les Etats-Unis puisque le coefficient Gini de ces derniers en 2011 était de 0,477 ! Ainsi, dans ces grandes puissances économiques, les richesses sont inégalement distribuées à la population.
En Chine, les riches sont bien moins nombreux qu'aux Etats-Unis, mais qu'est-ce qu'ils sont riches ! Ce n'est que 0,4 de la population chinoise qui bénéficie de 70 des richesses ! Cette proportion est bien plus importante qu'aux Etats-Unis. En Australie et au Japon, le rapport est bien moins déséquilibré puisque 5 des habitants possèdent seulement 50 à 60 des richesses.

D'après le magazine des fortunes publié par Forbes en 2010, 60 000 Chinois auraient une fortune supérieure à 100 millions de RMB, 4 000 dépasseraient le milliard de RMB et 312 auraient plus d'un milliard de dollars (dont 54 à Hong Kong). La Chine se classe donc juste derrière les Américains mais, ce chiffre augmentant de 10 tous les ans, qui sait ce que l'avenir nous réserve.

Donc, d'un côté, on a les grandes fortunes qui côtoient le palmarès américain et de l'autre on a une population aux revenus très peu élevés. En effet, les paysans et travailleurs à faible revenus ne gagnent qu'entre 1 000 et 2 000 $ par an ! Et ils représentent 65 à 70 de la population active !

Un nouveau slogan : En réponse au slogan énoncé par Deng Xiaoping au moment de la réforme économique, les Chinois jouent aujourd'hui avec les mots pour la replacer dans le contexte actuel. Ainsi, un lieu du premier slogan « Faire un pas après l'autre pour traverser la rivière », les Chinois disent aujourd'hui « En faisant un pas après l'autre, on ne traverse jamais la rivière ». Ils expriment ainsi, qu'après 30 ans de réforme, le peuple n'a toujours pas accès aux richesses du pays.
On retrouve également sur la toile des phrases du genre « Pendant 30 ans, on voit l'économie se développer et le pouvoir contrôler de plus en plus cette économie au lieu de la laisser au peuple. Si on n'y remédie pas, le problème ne deviendra que plus grave ».

Une corruption en hausse : La corruption des bureaucrates est un problème très grave en Chine. Les fonctionnaires sont en constante quête de capitaux et la population a aujourd'hui du mal à avoir confiance en la justice sociale et même la loi.
Dans un sondage réalisé en ligne par l'agence Xinhua, cette dernière demande l'avis des internautes sur les plus grands défis futurs pour développer le pays. La corruption arrive en tête du classement avec 70,5. Viennent ensuite le déséquilibre entre les régions et entre les revenus (62,8), l'amélioration du système de sécurité sociale (53,9), les problèmes liés à l'éducation, au logement et à l'alimentation (44,1), les problèmes environnementaux (41,7), la situation internationale complexe (35,2), le manque d'une population éduquée et qualifiée (24,8) et la récession économique mondiale (17,1).
Cependant, avec l'arrivée du nouveau président, de grandes mesures ont été prises en matière de corruption. Les hommes d'affaires sont visés et même les hommes du parti communiste tels que l'ancien ministre Bo Xilai qui est comparu pour ses crimes et a été emprisonné à vie.

Une dépendance politique en baisse : Tous ces problèmes ne viennent pas seulement du système d'économie socialiste de marché. Une grande partie est due au régime politique qui nécessite lui aussi une réforme. Bien que le gouvernement et le nouveau président, Xi Jinping, ont conscience de cette nécessité, cela prend énormément de temps.

Depuis le début de son mandat, Xi Jinping a lancé une action de lutte contre la corruption et de réduction des déchets. Le gouvernement essaye de réduire son intervention dans l'économie et a instauré un système de surveillance plus fonctionnel des cadres qui doivent faire connaître leur revenu et les publier pour le public. Le système juridique fait également parti de ces réformes.
Et les résultats sont déjà visibles, le chiffre d'affaire de l'industrie de la restauration a déjà chuté de 17,3, celui des bijoux de luxe de 53 et des voitures de luxe de 13.

Une autre réforme touche quant à elle le système judiciaire. Les Laojiao, camps de rééducation par le travail, sont en effet souvent utilisés par la police car il est possible de placer des personnes dans ces camps pendant 5 ans sans les avoir fait passer devant un jury ! Beaucoup d'opposants au parti ont donc subit ce traitement sans pouvoir rien faire. Aujourd'hui, le système devrait changer pour donner plus de droits aux individus mais il reste encore beaucoup à faire. 

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